Nous ne sommes pas opposés à la vaccination en tant que telle si l'éleveur considère qu'il en a besoin pour son troupeau ou si l'état sanitaire de ce dernier n'est pas impeccable. Mais nous sommes opposés à l'obligation de vacciner." C'est ainsi que se positionnait, lors d'une réunion sur la FCO organisée par Bretagne viande bio (BVB), avec également Ivanne Leperlier du GDS 56, Hubert Hiron, éleveur et vétérinaire au GIE Zone verte (groupement de vétérinaires notamment spécialisés en homéopathie).
Depuis quelques temps, certains éleveurs bio s'élèvent en effet contre le caractère obligatoire de la procédure (elle l'est déjà dans les zones touchées par le sérotype 1, et le sera sous peu chez nous pour le sérotype 8). La Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab) a, ainsi, pris position pour la liberté vaccinale. Et le GIE Zone verte vient de décider d'épauler ceux qui le désirent dans une demande de dérogation (par courrier aux DDSV et préfets). Une démarche pas certaine d'aboutir et qui serait alors uniquement symbolique.
Question d'immunités
À la base du désaccord, il s'agit avant tout d'une divergence de vue sur les moyens de lutte : pour les opposants à la vaccination systématique, les méthodes les plus sûres demeurent la mise en place de l'immunité naturelle (c'est-à-dire celle qui s'acquiert au contact du virus) et la sélection des animaux au sein des troupeaux (puisque peu d'entre eux s'avèreraient gravement touchés). Ce, à condition que le cheptel soit, au préalable, dans un bon état de santé et de capacité immunitaire. "Or, rétorque Ivanne Leperlier, du GDS 56, nous ne savons pas si un passage de virus dans un troupeau l'immunise entièrement, ni pendant combien de temps, ni si les jeunes à naître sont protégés. La preuve, c'est qu'il existe des récidives." Argument réfuté par le GIE Zone verte, au nom du fait qu'il n'existe pas d'enquête sérologique officielle déterminant le nombre d’animaux s'étant immunisés naturellement durant les campagnes passées. Là comme sur d'autres aspects de la maladie, le peu de recul entraîne un manque de données scientifiques. Propice à la polémique.
Débat sur l'éradication
À plus long terme, le GIE Zone verte ne croit pas en une éradication de la maladie grâce au vaccin puisque la FCO se transmet par un vecteur (le moucheron) et que ce dernier est impossible à contrôler. "La vaccination permet de diminuer progressivement le portage viral des insectes", explique pour sa part Ivanne Leperlier.
GDS et GIE Zone verte s'opposent également sur l'innocuité du vaccin. Pour le GDS, les données de l'Afssa sont rassurantes à ce propos. Le vaccin ne disposant que d'une Autorisation temporaire d'utilisation (ATU), le GIE s'inquiète quant à lui de l'absence de "garantie ni d’efficacité dans le temps ni d’innocuité". Il redoute l'obligation de vacciner pendant des années, et l'impact financier qui en découle. "Qui peut garantir que les États ou l’Union européenne prendront la vaccination à leur charge dès l’année prochaine ? Que fera-t-on lorsque 4 ou 5 sérotypes, voire plus, seront en circulation ? " interroge le GIE, qui appelle pour sa part ses éleveurs à prévenir la maladie en mettant l'accent sur le renforcement de l'immunité.
source paysan breton